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The Peregrin's Journal

1 novembre 2010

Portraits

Madame de La Fayette, La Princesse de Clèves (1678)

la_princesse_de_cl_vesIl parut alors une beauté à la cour, qui attira les yeux de tout le monde, et l'on doit croire que c'était une beauté parfaite, puisqu'elle donna de l'admiration dans un lieu où l'on était si accoutumé à voir de belles personnes. Elle était de la même maison que le vidame de Chartres, et une des plus grandes héritières de France. Son père était mort jeune, et l'avait laissée sous la conduite de madame de Chartres, sa femme, dont le bien, la vertu et le mérite étaient extraordinaires. Après avoir perdu son mari, elle avait passé plusieurs années sans revenir à la cour. Pendant cette absence, elle avait donné ses soins à l'éducation de sa fille ; mais elle ne travailla pas seulement à cultiver son esprit et sa beauté ; elle songea aussi à lui donner de la vertu et à la lui rendre aimable. La plupart des mères s'imaginent qu'il suffit de ne parler jamais de galanterie devant les jeunes personnes pour les en éloigner. Madame de Chartres avait une opinion opposée ; elle faisait souvent à sa fille des peintures de l'amour ; elle lui montrait ce qu'il a d'agréable pour la persuader plus aisément sur ce qu'elle lui en apprenait de dangereux ; elle lui contait le peu de sincérité des hommes, leurs tromperies et leur infidélité, les malheurs domestiques où plongent les engagements ; et elle lui faisait voir, d'un autre côté, quelle tranquillité suivait la vie d'une honnête femme, et combien la vertu donnait d'éclat et d'élévation à une personne qui avait de la beauté et de la naissance. Mais elle lui faisait voir aussi combien il était difficile de conserver cette vertu, que par une extrême défiance de soi-même, et par un grand soin de s'attacher à ce qui seul peut faire le bonheur d'une femme, qui est d'aimer son mari et d'en être aimée.    

Cette héritière était alors un des grands partis  qu'il y eût en France ; et quoiqu'elle fût dans une extrême jeunesse, l'on avait déjà proposé plusieurs mariages. Madame de Chartres, qui était extrêmement glorieuse, ne trouvait presque rien digne de sa fille ; la voyant dans sa seizième année, elle voulut la mener à la cour. Lorsqu'elle arriva, le vidame alla au-devant d'elle ; il fut surpris de la grande beauté de mademoiselle de Chartres, et il en fut surpris avec raison. La blancheur de son teint et ses cheveux blonds lui donnaient un éclat que l'on n'a jamais vu qu'à elle ; tous ses traits étaient réguliers, et son visage et sa personne étaient pleins de grâce et de charmes.


Prosper Mérimée, Carmen (1846)

carmen2Je suis né, dit-il, à Elizondo, dans la vallée de Baztán. Je m’appelle don José Lizarrabengoa, et vous connaissez assez l’Espagne, Monsieur, pour que mon nom vous dise aussitôt que je suis Basque et vieux chrétien. Si je prends le don, c’est que j’en ai le droit, et si j’étais à Elizondo, je vous montrerais ma généalogie sur parchemin. On voulait que je fusse d’église, et l’on me fit étudier, mais je ne profitais guère. J’aimais trop à jouer à la paume, c’est ce qui m’a perdu. Quand nous jouons à la paume, nous autres Navarrais, nous oublions tout. Un jour que j’avais gagné, un gars de l’Alava me chercha querelle; nous prîmes nos maquilas, et j’eus encore l’avantage; mais cela m’obligea de quitter le pays. Je rencontrai des dragons, et je m’engageai dans le régiment d’Almanza, cavalerie. Les gens de nos montagnes apprennent vite le métier militaire. Je devins bientôt brigadier, et on me promettait de me faire maréchale des logis, quand, pour mon malheur, on me mit de garde à la manufacture de tabacs à Séville. Si vous êtes allé à Séville, vous aurez vu ce grand bâtiment-là, hors des remparts, près du Guadalquivir. Il me semble en voir encore la porte et le corps de garde auprès. Quand ils sont de service, les Espagnols jouent aux cartes, ou dorment ; moi, comme un franc Navarrais, je tâchais toujours de m’occuper. Je faisais une chaîne avec du fil de laiton, pour tenir mon épinglette. Tout d’un coup, les camarades disent: «Voilà la cloche qui sonne ; les filles vont rentrer à l’ouvrage.» Vous saurez, monsieur, qu’il y a bien quatre à cinq cents femmes occupées dans la manufacture. Ce sont elles qui roulent les cigares dans une grande salle, où les hommes n’entrent pas sans une permission du Vingt-quatre, parce qu’elles se mettent à leur aise, les jeunes surtout, quand il fait chaud. À l’heure où les ouvrières rentrent, après leur dîner, bien des jeunes gens vont les voir passer, et leur en content de toutes les couleurs. Il y a peu de ces demoiselles qui refusent une mantille de taffetas, et les amateurs, à cette pêche-là, n’ont qu’à se baisser pour prendre le poisson. Pendant que les autres regardaient, moi, je restais sur mon banc, près de la porte. J’étais jeune alors; je pensais toujours au pays, et je ne croyais pas qu’il y eût de jolies filles sans jupes bleues et sans nattes tombant sur les épaules. D’ailleurs, les Andalouses me faisaient peur; je n’étais pas encore fait à leur manières: toujours à railler, jamais un mot de raison. J’étais donc le nez sur ma chaîne, quand j’entends des bourgeois qui disaient : Voilà la gitanilla! Je levai les yeux, et je la vis. C’était un vendredi, et je ne l’oublierai jamais. Je vis cette Carmen que vous connaissez, chez qui je vous ai rencontré il y a quelques mois.

Elle avait un jupon rouge fort court qui laissait voir des bas de soie blancs avec plus d’un trou, et des souliers mignons de maroquin rouge attachés avec des rubans couleur de feu. Elle écartait sa mantille afin de montrer ses épaules et un gros bouquet de cassie qui sortait de sa chemise. Elle avait encore une fleur de cassie dans le coin de la bouche, et elle s’avançait en se balançant sur ses hanches comme une pouliche du haras de Cordoue. Dans mon pays, une femme en ce costume aurait obligé le monde à se signer. À Séville, chacun lui adressait quelque compliment gaillard sur sa tournure; elle répondait à chacun, faisant les yeux en coulisse, le poing sur la hanche, effrontée comme une vraie bohémienne qu’elle était. D’abord elle ne me plut pas, et je repris mon ouvrage; mais elle, suivant l’usage des femmes et des chats qui ne viennent pas quand on les appelle et qui viennent quand on ne les appelle pas, s’arrêta devant moi et s’adressa la parole: «Compère, me dit-elle à la façon andalouse, veux-tu me donner ta chaîne pour tenir les clefs de mon coffrefort ?

— C’est pour attacher mon épinglette, lui répondis-je.

— Ton épinglette! s’écria-t-elle en riant. Ah! monsieur fait de la dentelle, puisqu’il a besoin d’épingles!» Tout le monde qui était là se mit à rire, et moi je me sentais rougir, et je ne pouvais trouver rien à lui répondre. «Allons, mon cœur, reprit-elle, fais-moi sept aunes de dentelle noire pour une mantille, épinglier de mon âme!» Et prenant la fleur de cassie qu’elle avait à la bouche, elle me la lança, d’un mouvement du pouce, juste entre les deux yeux. Monsieur, cela me fit l’effet d’une balle qui m’arrivait... Je ne savais où me fourrer, je demeurais immobile comme une planche. Quand elle fut entrée dans la manufacture, je vis la fleur de cassie qui était tombée à terre entre mes pieds; je ne sais ce qui me prit, mais je la ramassai sans que mes camarades s’en aperçussent et je la mis précieusement dans ma veste. Première sottise!

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31 octobre 2010

Les Lettres de Madame de SEVIGNE

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Pendant ces vacances, je me suis plongée dans un recueil de ses lettres qui traînait à mon chevet depuis quelques temps.

Certains passages m'ont fait rire et témoignent du goût du "bon mot":

"Vous saurez pourtant que Mme de N*** est morte, et que Trévigny, son amant, en a pensé mourir de douleur; pour moi, j'aurais voulu qu'il en fût mort pour l'honneur des dames."
(A Madame de LA FAYETTE, le 24 juillet 1657)

"Cependant le Roi s'amuse à prendre la Flandre, et Castel Rodrigue à se retirer de toutes les villes que Sa Majesté veut avoir. Presque tout le monde est en inquiétude ou de son fils, ou de son frère, ou de son mari; car, malgré toutes nos prospérités, il y a toujours quelque blessé ou quelque tué. Pour moi, qui espère y avoir quelque gendre, je souhaite en général la conservation de toute la chevalerie."
(A M. de POMPONNE, le 1er août 1667)

"Il y avait beaucoup de prélats; j'ai dit à Guitaut: "Cherchons un peu notre ami Marseille"; nous ne l'avons point vu. Je lui ai dit tout bas: "Si c'était l'oraison funèbre de quelqu'un qui fût vivant, il n'y manquerait pas." Cette folie l'a fait rire, sans aucun respect de la pompe funèbre."
(A Madame de GRIGNAN, le 6 mai 1672)

"La reine d'Espagne crie toujours miséricorde, et se jette aux pieds de tout le monde; je ne sais comme l'orgueil de l'Espagne s'accommode de ces désespoirs. Elle arrêta l'autre jour le Roi par delà l'heure de la messe; il lui dit: "Madame, ce serait une belle chose que la Reine catholique empêchât le Roi Très-Chrétien d'aller à la messe.""
(A Madame de GRIGNAN, lundi 18 septembre 1679)


D'autres passages sont de véritables merveilles de style:

 "Je m'en vais vous mander la chose la plus étonnante, la plus surprenante, la plus merveilleuse, la plus miraculeuse, la plus triomphante, la plus étourdissante, la plus inouïe, la plus singulière, la plus extraordinaire, la plus incroyable, la plus imprévue, la plus grande, la plus petite, la plus rare, la plus commune, la plus éclatante, la plus digne d'envie : enfin une chose dont on ne trouve qu'une telle dans les siècles passés, encore cet exemple n'est-il pas juste; une chose que l'on ne peut pas croire à Paris (comment la pourrait-on croire à Lyon ?); une chose qui fait crier miséricorde à tout le monde; une chose qui comble de joie Mme de Rohan et Mme d'Hauterive; une chose enfin qui se fera dimanche, où ceux qui la verront croiront avoir la berlue; une chose qui se fera dimanche, et qui ne sera peut-être pas faite lundi. Je ne puis me résoudre à la dire; devinez-la : je vous la donne en trois. Jetez-vous votre langue aux chiens ? Eh bien ! il faut donc vous la dire : M. de Lauzun épouse dimanche au Louvre, devinez qui ? Je vous le donne en quatre, je vous le donne en dix; je vous le donne en cent. Mme de Coulanges dit : Voilà qui est bien difficile à deviner; c'est Mme de la Vallière. - Point du tout, Madame. - C'est donc Mlle de Retz ? - Point du tout, vous êtes bien provinciale. - Vraiment nous sommes bien bêtes, dites-vous, c'est Mlle Colbert ? - Encore moins. - C'est assurément  Mlle de Créquy ? - Vous n'y êtes pas. Il faut donc à la fin vous le dire : il épouse dimanche, au Louvre, avec la permission du Roi, Mademoiselle, Mademoiselle de..., Mademoiselle... devinez le nom : il épouse Mademoiselle, ma foi! par ma foi! ma foi jurée! Mademoiselle, la grande Mademoiselle; Mademoiselle, fille de feu Monsieur; Mademoiselle, petite-fille de Henri IV; mademoiselle d'Eu, mademoiselle de Dombes, mademoiselle de Montpensier, mademoiselle d'Orléans; Mademoiselle, cousine germaine du Roi; Mademoiselle, destinée au trône; Mademoiselle, le seul parti de France qui fût digne de Monsieur. Voilà un beau sujet de discourir. Si vous criez, si vous êtes hors de vous-même, si vous dites que nous avons menti, que cela est faux, qu'on se moque de vous, que voilà une belle raillerie, que cela est bien fade à imaginer; si enfin vous nous dites des injures : nous trouverons que vous avez raison; nous en avons fait autant que vous."
(A Madame de GRIGNAN, 15 décembre 1670)

"Mais, sur la même ligne, M. de Montchevreuil et M. de Villars s'accrochèrent l'un à l'autre d'une telle furie, les épées, les rubans, les dentelles, tous les clinquants, tout se trouva tellement mêlé, brouillé, embarssé, toutes les petites parties crochues étaient si parfaitement entrelacées, que nulle main d'homme ne put les séparer: plus on y tâchait, plus on brouillait, comme les anneaux des armes de Roger; enfin toute la cérémonie, toutes les révérences, tout le manège demeurant arrêté, il fallut les arracher de force, et le plus fort l'emporta."
(A Madame de GRIGNAN,3 janvier 1689)


D'autres passages m'ont interpellée, mais de façon tout à fait personnelle:

"M. Foucquet a répondu que souvent on faisait des choses par autorité, que quelquefois on ne trouvait pas justes quand on avait fait réflexion."
(A M. de Pomponne, 17 novembre 1664)

"Voilà le plus beau temps du monde; il commença dès hier après des pluies épouvantables."
(A Madame de GRIGNAN,  24 avril 1671)

"Il est vrai qu'il [le fils de Madame de SEVIGNE] est jeune, mais ce qui est fâcheux, c'est que quand on gâte ses affaires, on passe le reste de sa vie à les rapsoder, et l'on n'a jamais de repos, ni d'abondance."
"(...) les uns gâtent, les autres raccommodent, mais surtout il faut tâcher de passer sa vie avec un peu de joie et de repos."

(A Madame de GRIGNAN, 21 juin 1671)

"Hier le temps fut divin, et l'endroit d'où je découvris la mer, les bastides, les montagnes et la ville, est une chose étonnante; mais surtout je suis ravie de Mme de Montfuron: elle est aimable, et on l'aime sans balancer. La foule des chevaliers qui vinrent hier voir M. de Grignan à son arrivée; des noms connus, des Saint-Hérem; des aventuriers, des épées, des chapeaux du bel air, des gens faits à peindre une idée de guerre, de roman, d'embarquement, d'aventures, de chaînes, de fers, d'esclaves, de servitude, de captivité: moi, qui aime les romans, tout cela me ravit et j'en suis transportée."

(A Madame de GRIGNAN, 25 janvier 1673)

"Il vaut mieux reverdir que d'être toujours vert."
(A Madame de GRIGNAN, 7 juin 1675)

"Un peu de philosophie ou de dévotion: sans cela on se pendrait."
(A Madame et à Monsieur de GRIGNAN, 30 juillet 1677)

"N'admirez-vous point comme tout est mêlé en ce monde, et comme rien n'est pur, ni longtemps dans une même disposition?"

(A Madame de GRIGNAN, 24 novembre 1679)

"Je ne vous parlerai que de Mme Voisin: ce ne fut point mercredi, comme je vous l'avais mandé, qu'elle fut brûlée, ce ne fut qu'hier. Elle savait son arrêt dès lundi, chose fort extraordinaire. Le soir elle dit à ses gardes: "Quoi? nous ne ferons point médianoche!" Elle mangea avec eux à minuit, par fantaisie, car il n'était point jour maigre; elle but beaucoup de vin, elle chanta vingt chansons à boire."
(A Madame et à Monsieur de GRIGNAN, 23 février 1680)

" Ma bonne, retenez cette plume qui va si vite et si facilement: c'est un poignard; je n'en veux plus; j'ai horreur du mal qu'elle vous fait."

(A Madame et à Monsieur de GRIGNAN, 17 mars 1680)

"Je ne sais plus s'il y a une musique dans le monde et si l'on rit: qu'aurais-je à rire?"
(A Madame de GRIGNAN, 15 juin 1680)

"Pour moi, je crois qu'il y a de petits démons qui empêchent de faire ce qu'on veut, rien que pour se moquer de nous, et pour nous faire sentir notre faiblesse; ils ont eu contentement, et l'ai sentie dans toute son étendue."
(Au Comte de BUSSY-RABUTIN, 2 janvier 1681)

"Quand on a poussé des choses à un certain point, on ne trouve plus que des abîmes."
(A Madame de GRIGNAN, 27 septembre 1684)

"La vie est trop courte pour s'arrêter si longtemps sur le même sentiment; il faut prendre le temps comme il vient, et je sens que je suis de cet heureux tempérament."
(Au Comte de BUSSY-RABUTIN, 14 mai 1686)

"Je plains ceux qui n'aiment point à lire."
(A Madame de GRIGNAN, 17 juillet 1689)

"Et j'entends une voix qui dit: "Il faut marcher malgré vous, ou bien, si vous ne voulez pas, il faut mourir.""
(A Madame de GRIGNAN, 30 novembre 1689)



30 octobre 2010

La leçon de piano de Jane Campion

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Le film est construit autour du poème suivant:

Silence

There is a silence where hath been no sound,
    There is a silence where no sound may be,
   In the cold grave—under the deep, deep sea,
Or in wide desert where no life is found,
Which hath been mute, and still must sleep profound;
   No voice is hush’d—no life treads silently,
   But clouds and cloudy shadows wander free,
That never spoke, over the idle ground:
But in green ruins, in the desolate walls
   Of antique palaces, where Man hath been,
Though the dun fox or wild hyæna calls,
   And owls, that flit continually between,
Shriek to the echo, and the low winds moan—
                                   There the true Silence is, self-conscious and alone.                                                                 
Thomas Hood

Le poème est sombre et triste, le film est plus vivifiant.

28 octobre 2010

De la non-corrélation entre la qualité d'un film et celle de son affiche

The Ghost Writer de Roman Polanski
Malgré de bonnes critiques, je n'ai pas voulu le voir au cinéma. La bande-annonce ne m'avait pas tellement accrochée:

(les voix françaises n'aident pas) et l'affiche non plus:

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Les deux annonçaient un polar, genre que je n'apprécie pas en général (que ce soit en livres ou en films, je m'endors avant la fin car les enjeux me dépassent toujours). Mais ayant un peu de temps libre et me rappelant du Pianiste  qui m'avait fait accréditer le talent de Polanski, je me suis décidée à le voir hier.
Conclusion? C'est un bon film. Les personnages sont crédibles, le scénario est prenant, les plans sont beaux. Mention spéciale pour la dernière scène du film, et en particulier le dernier plan, qui sont sublimes.
Une telle défiance pour ce film m'a rappelée celle que j'avais eu pour

Tetro de Francis Ford Coppola

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L'affiche ne m'avait pas séduite du tout: on aurait dit un film policier, sombre et violent. Je suis pourtant allée le voir au cinéma grâce à une cousine qui l'avait vu en avant-première à Cannes et en gardait un excellent souvenir.
J'ai été de fait prise dans l'histoire. C'est une histoire sombre familiale, mais le film n'est pas aussi corrosif que Festen. Il est aussi esthétiquement très beau. Presque tous les plans sont en noir et blanc, sauf pour les scènes se déroulant dans le passé, en couleur, ce qui le rend en conséquence plus agressives. Une idée de génie en somme.
Je trouve que l'affiche américaine rend mieux compte de l'ambiance du film:

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28 octobre 2010

Manifeste

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"Pourquoi l'art est-il beau? Parce-qu'il est inutile. Pourquoi la vie est-elle si laide? Parce qu'elle est un tissus de buts, de desseins et d'intentions. Tous ses chemins tracés pour aller d'un point à un autre. Je donnerais beaucoup pour un chemin conduisant d'un lieu d'où personne ne vient, vers un lieu où personne ne va. Que j'aimerais consacrer ma vie à  la construction d'une route commençant en plein milieu d'un champ, et allant se perdre au milieu d'un autre ; une route qui, prolongée, aurait son utilité, mais qui resterait jamais, sublime, une moitié de route."

Fernando Pessoa, Le livre de l'intranquillité, "Autobiographie sans événements", 330

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